Depuis au moins deux mois, l’espace médiatique est infestée de déclarations de tous bords faisant état tantôt de la transmission du nom du Premier ministre à nommer, tantôt de son rejet par le chef de l’Etat. Jean-Pierre Kambila, ancien Directeur de cabinet adjoint du Président Kabila, assurait, pour sa part, que ce nom n’a encore jamais été transmis. Même les médias ont quelque peu été affectés par ces spéculations qui leurs faisaient rapporter des déclarations de personnes manifestement loin des centres de discussion et de décision.
Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a reçu, lundi à la cité de l’Union africaine, le Sénateur Joseph Kabila. Rien n’a filtré de l’échange entre ces deux personnalités qui sont également Autorités morales de leurs plates-formes politiques Cach et Fcc, mais on croit savoir qu’ils ont évoqué le dossier de la désignation et nomination du Premier ministre ainsi que la formation du Gouvernement central.
Ces échanges ont certainement abordé aussi la question des équilibres politiques au sein de l’Assemblée nationale entre la majorité et l’opposition au sujet de l’élection du bureau définitif. Le chef de l’Etat devait, en effet, recevoir, pour un arbitrage, le même lundi une délégation composée du bureau provisoire de la chambre basse et des représentants de la majorité et de l’opposition. La rencontre a finalement été ajournée.
L’élection du bureau définitif de l’Assemblée nationale se bute au refus de l’opposition d’y participer suite au rejet de sa demande d’obtenir deux sièges suivant les dispositions réglementaires. L’opposition estime avoir obtenu le ratio nécessaire pour ce faire avec l’apport de dix nouveaux élus de Beni et Butembo. Hier encore au cours de la plénière, cette demande a été rejetée par la majorité et le bureau qui ont estimé que la date de dépôt des candidatures est déjà dépassée.
En leur qualité d’Autorités morales des deux forces politiques participants à la coalition majoritaire Cach et Fcc, Félix Tshisekedi doivent certainement avoir trouvé les meilleurs arguments pour décanter cette situation et apaiser les esprits pour ainsi sauver les avancées démocratiques réalisées avec l’alternance intervenue au sommet de l’Etat.
Cette rencontre aura eu également le mérite de mettre fin à la spéculation qui gagnait du terrain autour de la désignation et la nomination du Premier ministre. Depuis au moins deux mois, en effet, l’espace médiatique est infestée de déclarations de tous bords faisant état tantôt de la transmission du nom de cet oiseau rare, tantôt de son rejet par le chef de l’Etat. Tout récemment encore, Jean-Pierre Kambila, ancien Directeur de cabinet adjoint du Président Kabila, assurait que ce nom n’a encore jamais été transmis pour nomination.
Cette spéculation en est arrivée à la manipulation de l’opinion avec la création de faux comptes dans les réseaux sociaux attribuant des propos à certaines personnalités cités comme probables Premiers ministres, juste pour les discréditer et les éliminer de la course à la primature. Les médias aussi ont quelque peu été affectés par ces spéculations qui leurs faisaient rapporter des déclarations de personnes manifestement loin des centres de discussion et de décision.
Ces spéculations sont allées jusqu’à alléguer des divergences de vues au bord d’une crise ou une rupture entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Même cette dernière rencontre fait l’objet de fake news dans les réseaux sociaux, certaines personnes allant jusqu’à attribuer à Kabila des déclarations qu’il aurait faites au sortir de son entrevue avec Félix Tshisekedi.
Après la rencontre de lundi entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, tout porte à croire que les discussions entre les partenaires ont abouti et que les décisions relèvent désormais de leur responsabilité. La nomination du Premier ministre ne devrait donc plus être question que des jours.
Jonas Eugène Kota
